top of page
Posts Récents

Et si on se réveillait ?


J'ai envie de dédier cet article à Tony, Bastien, Fiona, David, Aliya... les 700 autres dont je ne connais pas le prénom, morts en 2016 (et avant) et à tous ceux "qui reçoivent des gifles et qui n'en sont pas morts".


Aliya, 4 ans, était battue, de manière de plus en plus violente. De véritables raclés à coups de poing et de pied. "Pour la punir de ses bêtises", "quand elle refusait de manger", "pour essayer de la cadrer", "quand il perdait le contrôle", "parce qu'elle était dissipée".


Christophe Champenois, 36 ans, est accusé d’avoir tué son fils Bastien, le 25 novembre 2011, sous prétexte qu’il n’avait pas été sage à l’école. Cela, en l’enfermant dans le lave-linge familial.


Oumar, 15 ans, a succombé sous les coups de ceinture de son beau-père qui lui reprochait son absentéisme à l'école.


Yanis, 5 ans, est mort suite à une punition. Le père explique aux gendarmes « qu’il était sujet à des crises d’énurésie (...) et que suite à un nouvel épisode d'énurésie , il l’aurait sanctionné en lui demandant d’aller dehors et lui aurait ordonné de faire des tours (...) en courant ».


David, 8 ans, avait été puni par sa mère et son compagnon, frappé avec un objet non identifié à son retour de l'école avant de subir « la punition de la baignoire » car il avait mangé des bonbons.


Vous avez peut être l'impression que les parents ci dessus sont des monstres.

Vous pensez peut- être que les gifles ou les fessées n'ont rien à voir avec cette barbarie.

Les coups, les fessées, les gifles font partie des gestes violents, et ce même si ils n’entraînent pas la mort.

Les enfants morts sous les coups, ont reçu des gifles et n'en sont pas morts avant de recevoir le coup de trop. Faut il être mort pour avoir le "statut" de maltraité ?


Alors comment savoir à quel moment cela devient grave ? Pourquoi créer une hiérarchie de la violence ? Y a t-il des violences moins grave que d'autres ? Est ce que la violence qui ne laisse pas de marque ou ne tue pas est tolérable ?


En France, en 2017, l'enfant est le seul être humain qu'on a le droit de frapper, je dirais même plus, c'est le seul être qu'il est "normal" de frapper.

Pourquoi ? Parce qu'il faut bien qu'il comprenne ! Parce qu'il faut bien l'éduquer ! Parce qu'on ne peut pas tout lui passer !

Il est pourtant le plus vulnérable.

Je pense que c'est justement pour cela qu'on se permet de le maltraiter.

On lui fait entendre qu'il n'est "qu'un enfant", qu'il n'a donc pas les mêmes droits que les adultes. Qu'il leur doit le respect et s'écraser. Mais, comment mettre en pratique quelque chose qu'on ne reçoit pas ?


Dans son livre "Elever avec bienveillance" Marshall Rosenberg rapporte cette anecdote :

Dans l'un de ses ateliers sur la communication non violente, il avait demandé aux participants de constituer deux groupes. Les 2 groupes avaient pour consigne d'écrire un dialogue conflictuel.

Dans le 1er groupe, il s'agissait d'un conflit avec un enfant.

Dans le 2e groupe, un conflit avec un adulte.

Au moment de présenter les 2 scénarios de conflit, il est apparu clairement que le groupe en conflit avec l’enfant communiquait avec moins de respect que le groupe en conflit avec un adulte.

Marshall Rosenberg pense que lorsqu'on ne perçoit pas l'autre comme notre semblable, on lui parle avec moins de respect que quelqu'un "qu'on met à notre niveau" (ex : les parents avec les enfants, les policiers avec les voleurs, les maîtres avec leurs esclaves, les nazis avec les juifs….). L'infériorité (inventée) des uns justifient et facilitent la maltraitance des autres.


Et si plutôt que les écraser, les rabaisser on essayait d'élever nos enfants, vraiment.


Si vous pensez que la fessée est normale, vous êtes vous déjà demandé, à qui d'autre vous permettriez vous de faire cela à part votre enfant ?

Tapez vous votre mère lorsqu'elle casse une assiette ? Traitez vous votre voisin de maladroit lorsqu'il renverse le verre de jus que vous venez de lui servir? Mettez vous une gifle à votre femme lorsqu'elle rentre plus tard que prévu ?


Je me permets d'écrire cet article qui ne plaira pas à beaucoup dans l'espoir d'éveiller les consciences, d'ouvrir les yeux clos par cette spirale de violence.


Je ne juge personne et je ne pense pas que les parents qui tuent soient des monstres. Ils sont souvent les premières victimes. Leurs enfants sont des victimes de victimes qui ont certainement été maltraitées mais n'en sont pas morts. Mais les séquelles sont bien là. La violence qui les a éduqués ressort, inévitablement.

Si la petite Fiona n'avait pas succombé à ses blessures, combien de chances avait t-elle de devenir une maman maltraitante ? Ne serait ce pas elle, assise là, sur le banc des accusés, 20 ans plus tard ?


Je ne juge personne car j'ai mis des fessées et des gifles. Je n'ai pas été victime de violences et pourtant c'est la première chose que j'ai faite lorsque mon fils ne "filait pas droit".

Le problème est que la violence va crescendo. On commence par des fessées, des tapes sur la main. Et vous croyez qu'à 15 ans on continue à mettre des tapes sur la main ? Il faut taper, crier plus fort.

Mais où est la limite ? A partir de quand on bascule du côté de la maltraitance grave ? Faut - il encore que la violence modérée existe !

Aujourd'hui je sais que non. Les coups, les fessées, les gifles font partie des gestes violents, et ce même si ils n’entraînent pas la mort.

Je sais qu'on ne tape pas un être qu'on aime (ou qu'on aime pas d'ailleurs) sous prétexte du devoir d'éducation.


Dieu merci, je me suis réveillée avant qu'il ne soit trop tard. Car oui, un accident est vite arrivé. Un gifle trop près des oreilles endommage l'acuité auditive, une mauvaise chute casse un bras, brise un crâne....

Vous vous dites que c'est exagéré ? Pensez vous vraiment que les 700 enfants qui meurent par an, en France, ne sont pas victimes d'accident? Pensez vous que toutes ces morts étaient calculées ?

Combien de parents, comme vous, comme moi, "ne voulaient pas en arriver là".


Je me sens coupable car mon fils fait partie de ceux qui ont reçu des gifles et qui n'en sont pas morts.

J'ai vu la peur dans ses yeux, la haine, les cris d'injustice et d'incompréhension. Ces cris qui n'avaient pas le droit de sortir, car ces plaintes, je savais bien qu'elles étaient justifiées. Je ne savais pas faire autrement. Personne ne m'a appris à faire autrement. J'ai du chercher et apprendre par moi même. Personne ne nous prévient de cette violence qui jaillit de nous. Il faut dire que toute la société y est tellement attachée.

Est ce sain qu'un enfant ait peur de ses parents?


Aujourd'hui je déteste ces souvenirs. Je suis sortie de la violence éducative depuis plus de 5 ans pour mon fils, pour mes 3 autres enfants et pour moi.


Nous ne sommes pas faits pour être violents et nous le savons au fond de nous. Mais nous taisons notre conscience au non de l'éducation, du respect que l'enfant est censé devoir à l'adulte.

Les enfants doivent respecter les adultes... Pourquoi le préciser ? Les adultes doivent respecter les enfants, non ? Les êtres humains doivent se respecter, non ?


La loi contre la fessée n'a pas résisté longtemps en France. Je ne pense pas qu'elle aurait fait diminuer le nombre de décès d'enfants. En tous cas pas tout de suite. Mais elle aurait au moins permis aux enfants de comprendre que recevoir des coups, des gifles, des fessées n'est pas normal. Personne ne mérite cela.


Aujourd'hui il faut ouvrir les yeux et arrêter de dédramatiser. La violence c'est dramatique. Les coups mortels sont dramatiques. Les coups, tout court, sont dramatiques.


Il faut ouvrir les yeux. Je ne veux pas montrer les parents du doigt. Je veux leur montrer qu'il existe 1000 et une autres façons d'éduquer les enfants. Eduquer un enfant avec douceur est possible. Un enfant respecté et écouté n'est pas un enfant roi, ni un tyran.


La douceur apaise les coeurs.


Les enfants ne méritent pas d'être tapés. Etre bien traité ne doit pas se mériter.



Reposez en paix petits anges.








Retrouvez-nous
Archives
  • Facebook Social Icon

NOUVEAU SITE

bottom of page