L'éducation bienveillante n'est pas synonyme de laxisme
J'ai entendu plusieurs fois que l'éducation sans punition ni fessée revient à laisser les enfants faire ce qu'ils veulent et en fait des enfants rois. Je tiens à expliquer pourquoi je ne suis pas d'accord.
Voilà un tour d'horizon des trois méthodes d'éducation qui existent selon moi.
La méthode "autoritaire" où le parent est roi.
Je pense que la base de cette méthode est le "pouvoir sur l'autre", la domination (sans volonté de nuire bien entendu).
En effet, le parent, représente l'autorité, celui qui sait mieux que l'enfant et qui, évidemment, finit toujours par avoir le dernier mot.
L'enfant apprend à obéir à celui qui sait mieux que lui et avec qui, de toutes manières il n'est pas envisageable de négocier.
Au mieux l'enfant se résigne sans rechigner, au pire il se résigne après avoir été puni ou tapé mais en aucun cas il ne se sent entendu, respecté ou même exister.
La punition et la fessée ne représentent pas un signe d'amour. Je n'entends pas par là que les parents n'aiment pas leurs enfants, mais simplement que la violence n'en est pas la démonstration.
Alors à ceux qui disent "c'est pour ton bien, tu comprendras plus tard" après avoir mis une gifle, je leur réponds que je n'y crois pas vraiment.
Cette forme d'éducation n'apprend rien de positif à l'enfant et ne fait que le diminuer, voire l'humilier donc provoquer sa révolte, sa colère ou au mieux (pour les parents) sa soumission.
Par ailleurs, Haim Ginott précise, dans son livre "Teacher and Child":
" La punition ne décourage pas l'inconduite. Elle ne fait que rendre le coupable plus prudent dans l'accomplissement de ses crimes, plus adroit à dissimuler ses traces, plus habile à éviter qu'on le détecte. Quand un enfant est puni, il prend la résolution de devenir plus prudent, non celle de devenir plus honnête et plus responsable ".
La punition est efficace à court terme, il n'y pas de doute mais à long terme?
A ceux qui me disent qu'ils ont reçu des gifles et qu'ils n'en sont pas morts :
Tracie Afifi (Chercheuse au Canada), en 2012, a fait un étude sur 34 653 personnes. Les enfants qui ont reçu des gifles et fessées présentent à l'âge adulte des troubles comme la dépression, l'anxiété, des manies, la dépendance à la drogue ou l'alcool, des troubles de l'humeur et/ou de la personnalité.
La méthode "permissive" où l'enfant est roi.
L' éducation permissive, c'est le fait de ne donner aucune limite à l'enfant. Cela provoque chez lui un sentiment de "toute puissance". Le parent a bien du mal à refuser quoique ce soit à son chérubin ou à poser quelconque limite.
L'enfant peut alors en profiter, demander toutes les choses qui lui passent par la tête sans que personne ne le contrarie.
Au mieux, cela fait des enfants tyranniques et colériques. Au pire, cela créer un climat dans lequel l'enfant ne se sent pas en sécurité, car les limites et le cadre lui servent normalement de repère. L'enfant ne peut s'appuyer sur ses parents qui manquent de fiabilité et ne lui apportent pas la protection et la sécurité indispensables à sa prise d'autonomie.
Il risque de croire qu'on tout lui est du. Il risque de ne pas prendre en compte autrui et manquer cruellement d'empathie envers ses pairs.
On peut imaginer le rejet dont il sera victime de la part des gens qui l'entourent. Comment un enfant auquel on n'apprend pas les limites, dans le respect des autres, peut t-il évoluer et s'adapter à la vie en société ?
La méthode bienveillante.
L'éducation bienveillante mêle la FERMETÉ et le RESPECT, ce qui favorise chez l'enfant l'estime de soi, l'apprentissage des limites, de la vie en société et l'envie de coopérer.
Cette méthode est basée sur le "pouvoir avec l'autre" contrairement au "pouvoir sur l'autre" de l'éducation autoritaire.
Dans cette relation, l'enfant peut être entendu, exprimer ses opinions, ses envies, ses sentiments et ses besoins.
La relation est basée sur l'empathie et l'écoute de chacun. Personne ne cherche à dominer l'autre, on apprend à vivre ensemble simplement.
Je dis souvent aux parents lors des ateliers FABER et MAZLISH que j'anime que cette éducation ne modifiera en aucun que le cadre qu'ils ont fixé ou les règles auxquelles ils tiennent. Cela modifiera seulement la façon dont ces règles seront mises en place et respectées.
Etre bienveillant et à l'écoute ne signifie pas tout laisser passer et ne pas intervenir fermement lorsque l'enfant se met en danger, enfreint les règles du vivre ensemble ou autre.
Toute la différence va résider dans l'intervention de l'adulte.
Dans le but d'inculquer des valeurs aux enfants, nous employons des méthodes qui vont à l'encontre de notre discours. Avez vous déjà crier sur vos enfants pour leur demander le silence? Avez vous déjà taper sur la main d'un enfant pour lui apprendre qu'on ne tape pas les autres ?
Voyez-vous le manque de cohérence ?
Apprendre les règles à un enfant c'est bien mais lui apprendre par l'exemple c'est mieux.
Je trouve que l'éducation bienveillante favorise l'auto-discipline, celle qui permettra à l'enfant d'emprunter le bon chemin, d'avoir une bonne conduite même si aucune punition ou récompense ne l'y incite.
Cette méthode a changé ma vie et ma relation à mes enfants. Tous les jours j'en savoure les bénéfices et la chance que j'ai d'y avoir gouté ;)